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Plus le vin est cher, plus on a tendance à l’apprécier

Snobs dégustant le vin
Rien ne remplace l’immense satisfaction de savourer un flacon au prix exhorbitant, n’est-ce pas, chérie ? (DR.)

Qu’importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse vous dites-vous ? En matière de vin, il semblerait que non. Une récente étude (non financée par la Nasa) vient en effet de montrer que lors d’une dégustation à l’aveugle, les dégustateurs préfèrent le vin annoncé comme étant le plus cher… Même s’il est rigoureusement identique aux autres vins.

Une équipe de chercheurs de l’Insead et de l’université de Bonn ont fait déguster le même vin (de qualité moyenne à bonne, sic), proposé à l’aveugle, à des participants hommes et femmes. L’astuce, c’est qu’un prix différent était annoncé avant chaque dégustation. L’analyse de leurs préférences était menée en direct par la mesure de leur activité cérébrale par résonance magnétique nucléaire.
Les résultats semblent montrer que l’annonce du prix du vin active principalement deux zones du cerveau, dont une liée aux mécanismes de récompense et de motivation. L’annonce d’un prix plus élevé activerait plus intensément cette zone (le striatum ventral) et « tromperait » le dégustateur en lui faisant plus apprécier le vin.

Plusieurs autres études (exemple là) ont déjà été menées sur ce sujet, arrivant à des conclusions similaires. Bon nombre d’entre-nous ont également entendu des anecdotes au sujet de dégustations à l’aveugle où des amateurs, experts ou non ont été trompés. Connaître à l’avance le prix du vin change donc significativement notre appréciation de son goût et de sa qualité.

Ce qui me semble intéressant, au delà de cette nouvelle expérience, c’est que l’inverse n’est vraissemblablement pas vrai. C’est-à-dire, qu’à l’aveugle, et sans connaître le prix du vin, des dégustateurs non experts ne trouvent pas de différences de qualité entre des vins de prix différents. Voire, ils préfèreraient des vins moins chers,  d’après une étude de l’association américaine des économistes du vin menée sur un large panel de dégustations à l’aveugle. Alfred de Musset aurait-il donc finalement raison ?

Quant aux experts, ils doivent rester humble et garder à l’esprit que de nombreux paramètres peuvent affecter leur jugement. C’est pourquoi la dégustation à l’aveugle (sans connaître l’étiquette du vin) est aujourd’hui un des meilleurs garde-fous à l’effet placebo que peut nous jouer notre cerveau.  Pour les autres, goûtez souvent, écoutez vos sens, et ne vous souciez pas du prix, sauf si c’est pour épater la galerie (ou votre patron).

Source : Decanter, How brain makes expensive wine better