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Microcosmos : un chai urbain à Marseille, Peuchère !

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Microcosmos, à Marseille, le premier chai urbain de France (Urban Winery disent les ricains)

Les habitants de Marseille, ou Massalia, connaissent le vin depuis environ 600 ans avant notre ère. Pourtant, progressivement, la croissance urbaine a repoussé de plus en plus loin les vignes qui couvraient auparavant les collines de la cité, descendant jadis jusqu’au vieux port. Mais depuis peu, Fabienne et Lukas Völlmy, un couple d’amoureux du vin et de la cité phocéenne, tente de faire revivre ce passé grisant. C’est ainsi qu’ils ont créé le premier micro chai urbain de Marseille : Microcosmos. Il eut été dommage d’abandonner aux historiens une tradition plus vieille que la France elle-même !

Situé au cœur du Panier, ce quartier historique longeant le vieux port, Microcosmos, une cave semi-enterrée grande comme un mouchoir de poche est la première initiative, en France, d’établissement d’un chai de vinification au cœur d’une grande zone urbaine. Les Londoniens avaient déjà London Cru, pour produire du vin avec des raisins languedociens, mais avouez que ça a plus d’allure d’avoir en France un chai au cœur de la capitale provençale, qui élabore ses cuvées avec les raisins de l’ensoleillée région méditerranéenne !

Chai de vinification microsmos marseille
La cave, en pied, depuis l’entrée, et Fabienne et Lukas, les deux adorables hôtes.

Car bien évidemment, la démarche de Fabienne (Lukas est plutôt à la gestion), bourguignonne et œnologue de formation, est d’abord et avant tout tournée vers la qualité et les terroirs de l’ancienne narbonnaise, berceau de la France viticole. Dans sa cave lilliputienne, où les cuves inox ne peuvent à peine contenir que 1000 litres de vin et où le pressoir pneumatique fait la taille d’une grosse baignoire, elle vinifie et met en bouteilles une dizaine de micro-cuvées de moins d’un millier de bouteilles chacune. Le raisin, bien évidemment, ne pousse pas à l’ombre des immeubles du boulevard de la Libération ou sur les flancs de la colline de la Garde. Il provient de petites parcelles soigneusement sélectionnées auprès de vignerons partenaires, dans le Var ou le Rhône, travaillant principalement en Bio.

Chaque sélection parcellaire, vendangée à la main et transportée en caisses par camion réfrigéré est ensuite vinifiée indépendamment en cuve, puis entonné en barriques le cas échéant, pour être mis en bouteilles après l’élevage. Et sous quelle appellation sont-ils étiquetés ? Vins de Marseille ? L’administration tatillonne n’en donne pas le droit. Car le vin de Marseille n’existe pas, réglementairement parlant. C’est donc sous l’appellation « vin de France » que sont baptisées les cuvées aux noms de personnages emblématiques de la littérature française (Cyrano et Roxanne) ou d’étoiles (Cyrus et Véga).

Les micro-cuvées de Microcosmos

la gamme des vins de microcosmos
Une partie des micro-cuvées de Microcosmos

Et que valent ces vins ? Des produits pour touristes, comme la piquette de Montmartre à Paris ? Que neni ! De véritables vins de vignerons (d’artisans négociants pour être plus exact, car ils ne possèdent pas encore de vignes). C’est d’ailleurs les Marseillais eux-mêmes, qui, en habitués, constituent le plus gros de la clientèle du chai urbain. N’ayant pas eu le temps de tout déguster, je vous parlerai seulement de certaines cuvées. Le blanc Véga, obtenu à partir de Rolle, le cépage aromatique de Provence, est très parfumé, avec des arômes rappelant le pamplemousse et la pomme verte. Le rosé de pressurage, la cuvée Antimatière, si pâle qu’on le croirait presque blanc, est quant à lui floral avec une pointe de fruits rouges, porté par une belle acidité et une certaine rondeur en finale. Les premiers millésimes de rouge, élaborés à partir de raisin vendangé en 2012 (Grenache et Syrah) et élevés en barriques vieilles de deux vins, sont encore un peu fermés et méritent quelques heures d’aération ; ou un peu de patience et quelques années de garde en cave.

Et où trouver ces bouteilles ? Au domaine, exclusivement ! C’est que le vin de Marseille se raconte autant qu’il se déguste. C’est pourquoi la vente au caveau est privilégiée par nos deux vignerons urbains, même si l’on peut commander le vin en leur envoyant un email. Elles sont vendues entre 9 et 25 euros en fonction des cuvées, ce qui est relativement raisonnable, et dans la gamme de prix des bons vins de Provence. Si le millésime 2012 est presque épuisé pour les blancs et les rosés, il reste encore des 2013.

Mais je vous encourage plutôt à allez flâner dans les rues du Panier de Marseille, après avoir visité le Mucem ou les expositions « Regards de Provence », et à franchir le seuil de Microcosmos pour vous laisser enivrer par l’univers un peu fou de Fabienne et Lukas.

 

NB : pour ceux d’entre-vous qui s’intéressent à l’histoire du vin de Marseille, lisez ça, c’est très bien.