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Mots de la dégustation : Masculin ou Féminin, la question du genre du vin

Hugo Weaving, Priscillia, folle du désert
On parle de vins masculins ou féminins, mais pourquoi ne parle-t-on jamais des vins Drag Queen ? (©DR. Metro Goldwin Meyer)

Les vins de femmes sont à la mode, faits par des femmes, pour des femmes, ou pour des hommes qui aiment les femmes, ou par des hommes qui aiment les hommes qui aiment les vins de femmes… Bref, le monde du vin se veut plus féminin.

Passons sur la question du marketing visant les femmes, qui se cantonne trop souvent à surfer sur l’image volage, superficielle et fashionista de la consommatrice… La question qui nous intéresse ici est celle du sexe non des anges, mais du vin.

Comme l’ont montré les études consacrées aux champs lexicaux de la dégustation (télécharger l’étude de Martine Coutier, CNRS), les métaphores anthropomorphiques sont la source la plus abondante de vocabulaire servant à décrire les vins. Mais le plus souvent, la dégustation du vin se conjugue au masculin ; qu’il soit rond et jovial, tendu et nerveux, ou plutôt rustique et bourru (et sentant de sous les bras… ).

En règle générale, un vin masculin est caractérisé par une bonne présence d’acidité, d’alcools et de tanins. Il donne une impression de puissance, de solidité. On parle aussi de virilité voire de façon plus triviale, d’un vin « couillu ». La plupart du temps, le caractère masculin est employé pour les vins rouges. Par exemple les vins situés dans la partie nord du Haut-Médoc, élaborés à partir de Cabernet Sauvignon majoritairement, mais aussi les vins chaleureux du Languedoc ou des Côtes-du Rhône, ainsi que les vins acides du nord de la Bourgogne sont qualifiés de Masculins.

La notion de féminité, historiquement, est associée à la délicatesse des sensations en bouche. Les vins délicats et élégants étaient qualifiés de soyeux, de taffetas, de dentelles… Après les froufrous, au début du XXème siècle, apparaît le terme de féminin, associé à cette idée de douceur, de délicatesse, de finesse… Un vin féminin est donc tout l’opposé d’un vin masculin. C’est d’ailleurs souvent par antinomie que l’on utilise la métaphore. On parlera d’un Margaux (pas celle qui dégrafe son corsage) comme plus féminin qu’un Saint Estèphe, par exemple. L’intensité des parfums contribue également à féminiser le vin, les vins parfumés étant souvent considérés comme plus féminins (un gewürztraminer, un joli Fleurie du Beaujolais…).

Mains ne pensez pas que les termes de la féminité ne sont que flatteurs. Si le dégustateur aime les vins féminins et délicats, ils ne respecte que très peu les vins trop maquillés par un élevage trop long en barriques neuves. En gros, la révolution féministe est passé par le monde du vin et on les préfère naturels plutôt que superficiels, délicatement parfumés à trop fardés à la douelle.

Masculin et féminin, puissance et délicatesse, des visions restant très caricaturales non ? Et pourquoi les femmes seraient-elles plus élégantes que les hommes ? Et que faire de la féminité des hommes, leur sensibilité ? Les hommes aussi ont le droit à la délicatesse ! Alors oui aux vins dandys !