2014, année du cheval, on boit quoi avec un Chinois ?
L’année 2014 sera sous le signe chinois du cheval. Nul ne sait si ce peuple est désormais le premier consommateur de lasagnes au monde, mais en revanche il semble désormais avéré qu’il est devenu champion de la consommation de vin rouge ! Certes, comme tous les peuples (à part ces perfides Anglais), c’est d’abord et avant tout son propre vin qu’il consomme avec gourmandise. Le vignoble chinois serait d’ailleurs cinquième au monde, après la France, l’Italie, l’Espagne et les USA en terme de superficie (pour autant que l’on puisse se fier à une science aussi peu rigoureuse que celle de la statistique chinoise).
Mais la soif des nouveaux consommateurs du pays continent attise toutes les envies. Bien évidemment les vins de Bordeaux, conservent encore la part du lion, tirés par les ventes de Grands Crus Classés et surtout par le désormais très spéculatif “Château La Fei“, représentent encore près de 50 % des importations… Mais les vins australiens sont bien placés sur les créneaux moins premium…
Et pourquoi le vin rouge ?
On sait tous que la couleur rouge – « taohong » – est chargée de sens dans ce pays, et pas seulement à cause du petit guide de la révolution… Mais est-ce la seule raison ? Tout d’abord, il semblerait qu’il existe un problème de traduction… En effet, le vin se dit « hong jiu » en mandarin (ce n’est pas moi qui le dit, mais Fongyee Walker, futur MW) qui peut se traduire littéralement par « alcool rouge » par opposition aux autres spiritueux… Ceci favorise donc un public encore peu connaisseur à assimiler le vin au seul vin rouge.
Par ailleurs, les cépages de vitis vinifera majoritairement plantés en Chine sont le Cabernet Sauvignon et son cousin, le Cabernet Gernischt, cépages rouges introduits depuis la fin du XIXème siècle. Ils ouvraient donc une voix royale à la conquête par les vins Bordelais (ceux du Médoc contiennent une majorité de Cabernet Sauvignon) des nouveaux consommateurs fortunés.
Enfin, les conditions traditionnelles de consommation du vin jouent un rôle majeur dans le choix des vins. Aujourd’hui encore, boire du vin en Chine est plus une question de prestige que de goût. Il est encore bien souvent servit lors de banquets et autres repas d’affaires, et bu de façon traditionnelle, c’est-à-dire cul sec. Dans un pays où la fortune de quelques uns c’est accélérée de manière exponentielle, les prestigieux Grands Crus Classés on su se hisser sur les tables de ces nouveaux riches. Le simple fait qu’ils soient chers (ou hors de prix, c’est selon), leur vaut tous les honneurs. Mais nulle trace de goût dans l’équation…
Vers une montée en puissance des vins blancs ?
Il semblerait pourtant que les choses soient en train de changer ; heureusement diront certains. Car, en effet, les jeunes générations des classes moyennes aisées sembleraient désormais s’intéresser majoritairement au goût et à la culture du vin plutôt qu’à l’image et au seul prestige. Et les vins rouges tanniques de Bordeaux, souvent très astringents, semblent ne pas faire l’unanimité auprès des palais sensibles de ces consommateurs chinois…
D’aucuns semblent donc prévoir une montée en puissance de vins aux profil gustatif diamétralement opposé, comme les vins mutés (les sherrys) ou les vins liquoreux. Difficiles à servir avec nos plats européens, ils font souvent de merveilleux accords sur les mélanges « salés-sucrés » de certaines régions de Chine…
Quant aux Bourgognes et aux vins de la vallée du Rhône septentrionale, souvent plus fins et légers que leur voisins girondins, ils allient rareté et cherté à une plus grande délicatesse… La porte ouverte pour un engouement à venir !
L’année 2014 sera donc encore celle des Grands Crus et autres Château Cheval blanc, pour le bonheur des investisseurs, mais le vent tourne, au profit des buveurs !
Remarque la fausse étiquette de Cheval Blanc est empruntée sauvagement au site My wines and more